Depuis le 14 janvier 2011, en Tunisie, chaque jour apporte son lot de statistiques économiques et financières douloureuses : croissance en berne, l’investissement créateur d’emploi régresse, l’emploi stagne et le chômage progresse, l’endettement public et l’endettement extérieur explosent, le pouvoir d’achat reflue, …
Et pourtant, les mesures adoptées par les pouvoirs publics (sans exception) ne montrent ni ardeur ni volontarisme visant à sortir la Tunisie d’une crise économique et sociale, la plus aigue depuis plus de deux siècles.
En outre, il est plus que certain, aujourd’hui, que le monde des affaires (du secteur réel, et du secteur financier) soit désorienté par l’ampleur d’une crise que les élites politique du pays ne pouvaient prévoir au vu de la conduite et de la gouvernance du pays. L’ironie est que certains ténors (aussi bien à l’ARP que sur les espaces médiatiques) se complaisent à comparer l’incomparable transition tunisienne avec celles d’autres pays, pour conclure par «l’exception tunisienne».
Dernière ineptie en date, la remise en cause de «l’indépendance de la BCT, source de déséquilibres économiques et financiers » pour remettre à plat le lancinant et récurrent débat de l’indépendance de « la vieille Dame».
C’est à la fois triste et ironique mais le fait est que la transition tunisienne subit, depuis bientôt dix ans, les déboires du théorème et néanmoins poète Jean de la Fontaine : «La cigale et de la fourmi». Et en cela, la BCT n’a rien à en dire.
La Tunisie (administrations et ménages) consomme trop. Or, l’examen des statistiques et les études académiques montrent que celle des administrations a explosé alors que celle des ménages a régressé (en termes réels), alors que corrélativement, la production est contrainte…
D’où la «nécessité» de réorienter la politique économique vers plus de rigueur (agir sur les dépenses). Tout le monde le dit, en Tunisie et ailleurs.
Mais les dépenses de qui ? Des ménages ? De l’Etat ?…
Ce sont des choix éminemment politiques. Et de fait, ce ne sont pas les dépenses des ménages qui sont en cause, pas de celles de l’Etat (en volume et en structure).
A l’évidence, l’endettement excessif constitue une problématique accablante aussi bien pour le secteur privé (entreprises et ménages) mais aussi pour les Etats. Surtout quand ce dernier n’a aucun pouvoir pour doper ses recettes fiscales et parafiscales.
Quand comprendra-t-on enfin, en Tunisie, que la crise financière de la transition actuelle ne sont en rien dus à l’endettement public, mais à son financement ? La pensée dominante des dirigeants politiques (qui ne comprennent pas grand-chose aux mécanismes économiques et notamment financiers), qui se sont succédé depuis bientôt dix ans, considère cette crise comme celle du financement du déficit public. Ils concluent : à imputer à la BCT les causes (hausse des taux et raréfaction des liquidités) de la crise financière. Ils en arrivent à suggérer (fortement) la modification des statuts de la BCT. La libéralisation financière et son corollaire, la dérégulation, impliquent qu’un régulateur (indépendant du pouvoir politique), en l’occurrence la BCT (comme partout dans le monde civilisé), puisse «réguler» les liquidités via une politique monétaire cohérente en dehors de toute ingérence de la part des lobbies politiques populistes, susceptible de gérer une spirale inflationniste prix/salaires insoutenable.
C’est dans ce contexte «globalisé» que s’est imposée l’indépendance des banques centrales dont l’objectif est de juguler les dérives d’un pouvoir politique centralisateur omniprésent.
Nous y reviendrons…
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